jeudi 23 septembre 2010

LES VERTUS DE L'INTERNET

INTRODUCTION

Les nouvelles technologies d'information et notamment l'internait, évoluent dans un cadre caractérisé par la fluidité et l'éphémère, caractéristique essentielle pour l'étude de la manifestation et de l'évolution de l'identité dans le cyberespace. L'internet est-il uniquement un intermédiaire et un espace de plus où des revendications identitaires se manifestent ou bien sa spécificité et ses pratiques remettent-ils en cause une notion d'identité éclatée. partant de toutes les significations de l’Internet, nous dirons que l’Internet offre plus aux internautes ses différentes verus qui sont avant tout multiples.
Les communautés d'utilisateurs sur l'Internet sont un phénomène sociologique pratiquement aussi ancien que les réseaux eux-mêmes ; mais alors que traditionnellement ces communautés ne traduisaient qu'un déplacement dans l'espace des réseaux de groupes d'intérêt préalablement constitués (d'individus professionnellement et sociologiquement proches de l'outil informatique), le développement relativement récent de la toile a été l'occasion d'un développement exponentiel du phénomène, lié à une liberté d'expression accrue par la disponibilité technique de l'outil informatique et des réseaux.

Un moyen de communication en dehors des contraintes spatio-temporelles où des identités diverses s'expriment.
Le caractère non-territorial et ouvert de l'internet permet une manifestation plus libre de l'identité pour les utilisateurs. Il offre une possibilité de proclamer, chercher et affirmer son identité à l'échelle de globe en favorisant des solidarités nationales et autres qu'il s'agisse des individus, des groupes ou des réseaux constitués à partir d'une cause commune. Lorsqu'on cherche à proclamer sa différence, trouver des personnes ayant les mêmes repères religieux, idéologiques ou ne serait-ce que les mêmes loisirs, la création d'un chat ou d'une page web permet de mettre en avant les éléments constitutifs de cette identité et de s'y reconnaître. Un échange direct avec un milieu constructif est ainsi remplacé par un lien de texte ou hypertexte mais la transmission de valeurs peut bien avoir lieu et d'un manière plus performante encore.
En ce qui concerne les particuliers, les pages voire sites personnels ou familiaux offrent une possibilité pour l'individu lambda, caractérisé pour le vaste public par son nom et son prénom, de fournir plus d'informations sur la définition du soi par exemple en créant des liens hypertexte renvoyant à des pages proches de ses centres d'intérêt.
Les diasporas nationales trouvent ainsi une moyen d'exprimer leur unité de par le monde dans le sens exact du terme. Les personnes concernées peuvent accéder en même temps à des informations qui les concernent; lire la presse de leur pays d'origine - vivre la vie de leurs semblables. Ce lien permet en même temps de souligner son appartenance et la définition de soi positive ( p.ex. je suis polonaise en France, je me tiens au courant de le vie du pays) que de mettre en avant une différenciation avec les sociétés ou milieux environnants.
Ce moyen de faire entendre son identité et de mettre en avant ses spécificités est particulièrement important pour les communautés et groupes revendicatifs, comme les indépendantistes basques ou les féministes. L'espace virtuel leur offre toute étendue qui souvent reste limitée dans la vie social et politique réelle d'autant plus que la censure est difficile, voire impossible à mettre en place sur l'internet.
Pour Gellner et Anderson, la nation n'est qu'une "communauté imaginé" dans laquelle une institutionnalisation des représentations de soi et du groupe d'appartenance commune a eu lieu, sur la base des intérêts communs.
Que ce soit au niveau individuel ou celui du groupe, on peut affirmer que l'internet favorise la création de solidarités spontanées et l'émergence virtuelles de communautés, qu'elles aient un équivalent dans la vie réelle ou pas. L'existence de chats, de newsgroups spécialisés et les actions de solidarité par rapport aux causes communes, tel le sort des femmes en Afghanistan, en témoignent. Leur impact sur la réalité de la vie politique et sociale reste souvent mitigé mais l'internet permet de fédérer les personnes qui soutiennent la même cause en rendant ainsi plus facile la mise en place d'un réseau dans la vie réelle. De l'e-mail et rencontres en ligne au courrier traditionnel et à l'organisation d'un forum, le pas est à franchir. Ou peut-être assistons-nous à l'émergence d'une " nouvelle communauté imaginaire" des utilisateurs du web?
Le réseau des réseaux de par cette structure même reflète la fragmentation, la segmentation des appartenances et des allégeances individuelles. Si les relations sur l'internet sont pour la plupart celles de l'individu à l'individu et la mise en relation d'une cause particulière avec ses militants immédiate, l'intensité de ces échanges peut prendre le pas sur l'identité spatialement définie, par exemple sur le lien national. On n'est plus citoyen d'un pays uniquement, on est également et peut-être avant tout un écologiste fonctionnant en réseau pour pouvoir entamer un dialogue avec quelqu'un qui, malgré les différences géographiques et culturelles, partage les mêmes préoccupations quant à la survie de la planète. L'internet et l'ordinateur deviennent ainsi un interface technologique indispensable et essentiel au développement des affinités et à l'affirmation su soi dans son milieu idéologique naturel.

L'internet apparaît comme un moyen de diffusion de valeurs et de composantes identitaires diverses qui y trouvent un refuge ou une confirmation; un individu est susceptible de trouver sur le réseau les clés pour sa définition et les moyens de retrouver ses semblables. On peut également avancer que les réseaux contribuent à rapprocher leurs utilisateurs du fonctionnement selon le mode d'un village global où chacun est immédiatement "connectable" aux autres et où l'espace réel et le milieu environnant ne constituent pas d'obstacle à la formation et à l'affirmation des identités et des allégeances multiples. Mais les possibilités offertes par cette technologie d'interaction virtuelle posent également les enjeux de la définition d'un individu., lorsque la réponse à la question "qui suis-je?" devient "celui que j'ai envie d'être".

L'internet offre la possibilité d'être autre, d'être plusieurs... Peut-on parler d'une schizophrénie du moi en réseau. Dans la vie réelle certains paramètres de l'identification de l'individu liés notamment à son aspect matériel restent difficilement muables. Dans le cyberespace tout est possible, comme en témoigne l'expérience de Sherry Turkle avec les MOOs et les MUDs. Bien que les thèses ede l'auteur soient empreinte d'un psychologisme quelque peu outrancier, on ne peut éviter l'intérrogation sur l'unité du moi en réseau qui devient créateur. L'internet permet-il à l'homme dêtre enfin Dieu?
lorsqu'on parle des MOOs, il s'agit d'une manière générale des programmes de jeux en réseau à utilisateurs multiples où l'on peut naviguer, faire la conversation, construire son monde et le partager avec les autres. Le premier pas d'un "nouveau connecté" consiste à décrire l'identité de son personnage. Ainsi, on peut changer de sexe, d'occupation, de caractère etc. étant totalement libre dans la description. Certains MUDs sont visités par des programmes qui prennent les caractéristiques d'un personnage (des "bots"), souvent pour collecter les informations sur le fonctionnement de jeu en question; plusieurs personnes peuvent jouer un seul personnage. Sherry Turkle s'est aussi retrouvée devant son sosie informatique sur un MUD...
Ainsi, non seulement une personne peut vivre dans le vaste univers virtuel plusieurs vies parallèles et plusieurs expériences auxquelles elle n'aurait jamais accès dans la vie réelle (par exemple un rapport sexuel dans lequel une femme joue un homme sans savoir si par exemple son partenaire n'est pas en réalité un homme qui joue une femme...). Souvent elle devient autre: plus jeune, plus âgée etc. elle réagit en fonction de cette nouvelle identité crée de toutes pièces. Les personnes ayant une pratique soutenue des MUDs parlent souvent de la vie réelle comme d'une "fenêtre de plus"... Comme si le réel et le virtuel fusionnaient dans la perception du monde de l'individu. Souvent, cet état de fait résulte d'une insatisfaction de la vie réelle trop éprouvante ou qui ne correspond pas aux souhaits de la personne concernée. Ainsi, l'on peut arriver à avoir des difficultés non seulement pour répondre à le question "qui suis-je?" mais également à celle "où suis-je?", les deux étant intimement liées. Or, si le milieu exerce un rôle puissant dans la formation identitaire, un conflit peut apparaître entre la perception et le représentation de l'entourage réel de la personne et une meilleure, une plus confortable identité dans le monde virtuel. Ne pas pouvoir mettre en valeur cette identité peut être un source de malaise considérable et d'une désaffection de la personne par rapport à ses obligations sociales réelles, qui enferme l'individu dans une "tour d'ivoire" relationnelle alors que sa sociabilité se développe sur le réseau.

Conclusion
L'Internet offre un nouvel moyen d'affirmation et de mécanismes identitaires s'appuyant sur l'identification avec un groupe qui se libèrent des contraintes spatiales. Souvent, le réseau peut également libérer du souci de la vie réelle et de la réalité de son être qui peut se révéler dépaysant voire destructeur. Comme souvent, l'approche individuelle de la pratique de l'Internet de chacun est seule susceptible de faire de cet outil un auxiliaire d'une recherche appuyée sur des valeurs positives. En effet, si "je suis internaute sur un chat" est la seule réponse où l'on se reconnaît à la question essentielle citée de nombreuses fois, on pourrait dans certains cas parler d'une restriction au lieu d'une multiplicité enrichissante de la définition du "soi".

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